Fête du cinquantenaire du Sénégal : un anniversaire célébré sans grande conviction

Publié le par sethkokorussie

senegal.jpgLe Sénégal fête cette fin de semaine le cinquantenaire de son indépendance. Temps fort des cérémonies : l’inauguration du monument de la Renaissance africaine. Mais pour beaucoup de Sénégalais, cet anniversaire est trop éloigné des préoccupations quotidiennes.

Dakar quartier du « point E ». Un restaurant informel sur le bord de la route. Ici on appelle cela un Tangana. On y sert des frites, des sandwiches et le savoureux café Touba... Un café qui danse entre deux gobelets, versé de l’un à l’autre avant d’atterrir dans la main du client. Mais le Tangana n’est pas qu’un lieu de restauration. Le patron en témoigne bien volontiers : « Les uns discutent de la lutte, plus précisément du grand combat de dimanche entre Yekini et son adversaire », le grand combat de lutte avec frappe du dimanche 4 avril. C'est le sport roi au Sénégal et il met à terre le cinquantenaire dans les discussions qui ont lieu sur le bord de la route.

Un basketteur qui vient de prendre place sur le banc du Tangana explique pourquoi le cinquantenaire semble peu mobiliser les Sénégalais. « C’est pas petit de fêter cinquante ans de souveraineté nationale. Mais je pense que le calme qui entoure l’événement est dû aux problèmes sociaux que vivent les Sénégalais. Je pense qu'ils n’ont pas la tête à ça. Ils sont plutôt occupés à chercher de quoi nourrir la famille, de quoi payer l’électricité. Ainsi ils oublient même cette fête de l’indépendance ».

Peu de banderoles et de drapeaux dans les rues de Dakar, pour ce cinquantenaire. Comme si le Sénégal allait sans grande conviction vers cet anniversaire. Beaucoup de Sénégalais à vrai dire, s’interrogent sur le bilan des décennies passées. « L' indépendance, ça signifie rien du tout puisqu’il n’y a pas d’indépendance ici jusqu’à présent... Cinquante ans, oui… mais il y a toujours une dépendance envers l’Europe. ۛ»

Certains s’interrogent à plus haute voix que d’autres. Le très populaire rappeur Didier Awadi vient à la fin de la semaine lancer « Présidents d’Afrique », un disque dans lequel il mêle sons d’archives et musique hip-hop.

Il explique : « On a eu une certaine certaine indépendance sur le plan de la politique, mais pas une indépendance totale. Il y a encore des bases militaires coloniales dans nos pays. Pourquoi on n’utilise pas une monnaie créée par nous à la base ? Le CFA, c’est une monnaie coloniale ! La pêche par exemple, chez nous c’est les bateaux étrangers qui viennent prendre tout le bon poisson ! Résultat des courses, nos gens prennent des pirogues de fortune pour aller en Europe ! Il y a trop de secteurs dans lesquels on n’a pas réussi !!! »

Le monument de la polémique

Temps fort des festivités de ce cinquantenaire, l'inauguration du monument de la Renaissance africaine. Un homme qui sort d’un volcan. Véritable géant qui porte d’un bras son enfant et de l’autre entraîne sa compagne. Ce monument qui se dresse désormais sur l’une des deux collines du quartier de Ouakam symbolise, pour le président sénégalais, la renaissance africaine après des siècles d’esclavage puis de colonisation. Son édification a cependant donné lieu à de nombreuses polémiques.

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Publié dans Afrique News

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