CI : Alassane Ouattara : « vous verrez dans quelques mois, ce pays sera transformé »

Le président de la république ivoirienne, Alassane Ouattara, a donné ce mercredi après midi une conférence de presse depuis l’hôtel du golf à Abidjan.

Lors de ce premier face à face avec la presse nationale et internationale, Alassane Ouattara a tenté de la plus belle manière, avec humilité, sens des responsabilités de la tache qui lui incombe, conscience de la lourdeur et tension du moment voire parfois gravité, de répondre aux diverses interrogations des journalistes présents, deux jours après l’arrestation musclée du président Laurent Gbagbo et de ses proches.

Sans polémique et sous entendu, dans une démarche politique très Houphouetiste, franche et empreinte de sincérité, sans nul doute contextuelle, la trame de la réconciliation, de la solidarité, de la justice, de la vérité et de l’avenir a composé toutes la rhétorique du jour d’Alassane Ouattara.

La raison plutôt que la vengeance fut martelée tel un ordre, une morale, un principe de base pour l’acceptation du contrat de renouveau que propose et pour lequel s’engage Alassane Ouattara devant la nation ivoirienne et l’opinion internationale.

Rassurer et avancer, deux verbes qui résumeraient la volonté d’annihiler la haine et de consumer les erreurs passées dont l’attente de la mise en lumière par le biais de la justice est annoncée et promise comme équitable et transparente, sans parti pris ni arrangement entre ami, et nécessaire pour quelconque nouveau départ d’un pays en quête de redorer son image.

Si l’impasse journalistique de la situation dans le quartier au plateau, toujours sous contrôle de la garde républicaine, a été constatée celle du présent de Laurent Gbagbo a été de premier abord, Ouattara indiquant que ce dernier avait été acheminé dans une habitation de type villa, certes sous haute protection, mais néanmoins plus conforme au calme et au confort, traitement digne, selon le président ivoirien, d’un ancien chef d’Etat.

Si charité bien ordonnée commence par soit même, Alassane Ouattara, tout en restant ferme et déterminé semble vouloir donner l’exemple, plantant ainsi le décor d’un tableau à repeindre.

Laurent Despas


Nous vous proposons les extraits de la conférence (retranscription Laurent Despas) :

« Tous les soldats des forces républicaines qui seront identifiées comme ayant été des pilleurs seront radiés des forces républicaines et de manière immédiate »

« A l’heure ou je vous parle, Mr Laurent Gbagbo n’est plus à l’hôtel du golf il est en Côte d’Ivoire, bien sécurisé. Vous savez moi j’ai été ici pendant quatre mois dans une suite équivalente à la sienne même si ces suites sont à peu près confortables, c’est néanmoins une prison. Mr Laurent Gbagbo est ancien chef d’Etat, nous devons le traiter avec considération et c’est pour cela qu’il sera en résidence surveillée dans une villa équipée à cet effet, nous tenons à respecter ses droits d’ancien chef d’Etat, à faire en sorte que la considération qui est due à son rang soit respectée et bien entendu son intégrité physique sera également préservée ».

« Nous ne voulons pas de brutalité, pas de violence, et nous allons tout faire pour que ces arrestations se fassent dans les meilleurs conditions. Je voudrais dire à certains responsables du parti de Laurent Gbagbo qu’ils se sentent totalement protégés comme tous les ivoiriens et ceux qui souhaitent venir à l’hôtel du golf pour être sûr d’avoir une protection, sont les bienvenus ».

« La réconciliation ne peut se faire sans justice et la réconciliation également n’est pas effective s’il n’y a pas le calme, c’est pour cela qu’avant-hier après l’arrestation du président Gbagbo, j’ai téléphoné à Jacob Zuma pour l’en informer et lui dire que j’aurais besoin de son expérience et de son soutien pour la mise en œuvre effective de cette commission vérité et réconciliation. Tous les ivoiriens sont égaux devant la loi quelque soit leur bord politique, quelque soit leur origine, quelque soit leur religion, quelque soit leur race. Cette commission aura une autonomie totale. Le ministre de la justice devra me dire comment elle doit être composée, nous devons mettre dans cette commission et surtout la faire présider par des personnalités credibles, consensuelles et respectées et je peux vous donner l’assurance qu’il n’y aura pas de discrimination. Nous traiterons tous ceux qui ont commis des crimes de la même manière et les résultats de ces procès permettra à la Côte d’Ivoire de connaître la vérité. Ce qui nous a manqué c’est la vérité de ce qui s’est véritablement passé depuis plusieurs années, je dirais même depuis 1999, depuis le coup d’état de 1999, nous devons faire la lumière sur tous ces événements ; que ce soit en 1999, en 2000, en 2002, en 2004 etc »

« Nous devons faire en sorte que les choses avancent, il est important pour le pays de sortir de cette crise par le haut tous les engagements pris doivent être respectés, nous sommes encore dans une situation délicate, nous avons besoin de sécuriser le pays notamment Abidjan ces décisions sont essentielles et vont prendre encore quelques mois»

« Ma priorité est de sécuriser les ivoiriens et de maintenir l’ordre public, remettre le pays en activité, réparer les coupures d’eau et d’électricité, remettre les banques et notamment la banque centrale en fonctionnement, faire en sorte qu’il y ai du carburant, du gaz butane, que les transporteurs se remettent au travail »

« Dans les tous prochains jours je serais au palais présidentiel pour travailler ou en fin de semaine ou en début de semaine prochaine »

« La France est un pays ami, nous avons des liens forts, historiques, nous avons une forte solidarité avec le peuple français, le gouvernement français a apporté un secours essentiel à nos populations dans le cadre du mandat de la résolution 1915 et même bien avant dans le cadre des différentes résolutions des nation unies et nous devons beaucoup à la France et aux français et je voudrais demander à tout ceux qui sont partis que ce soit les français, les libanais, nos frères des pays voisins qui ont fuit la Côte d’Ivoire à cause de cette situation, je leur demande de revenir. La Côte d’Ivoire est une terre d’hospitalité, nous allons sécuriser notre pays, mes compatriotes ont le sens de l’hospitalité et de la solidarité, nous attendons impatiemment que tous nos amis reviennent. La Côte d’Ivoire veut être un pays modèle, un pays d’intégration comme cela a toujours été voulu par le président Houphouet Boigny et vous verrez dans quelques mois, ce pays sera transformé, ce sera un pays ou il fera bon vivre parceque il n’y aura pas de discrimination d’aucune sorte »

« Je condamne ces massacres, ces tueries mais il faut faire une enquête et j’ai instruit le ministre de la justice qui a demandé à notre procureur à Daloa d’entreprendre une enquête nationale, cette enquête est en cours et j’ai demandé également à la commission des droits de l’homme de venir faire une enquête internationale et j’ai été informé que cette commission viendra dans les tout prochains jours, je devais avoir un entretien avec le procureur de la cour pénale internationale hier soir, nous n’avons pas pu le faire, nous le ferons tout à l’heure pour lui demandé également de lancer des investigations. Nous voulons que la lumière soit faite, la condamnation n’est pas suffisante et que les personnes qui sont responsables de ces tueries, quelle qu’elles soient, soient bien entendu jugées et condamnées selon la loi nationale et les lois internationales. Ces massacre sont inadmissibles et je dois dire que je suis révolté, je suis indigné que l’on puisse assassiner autant de personnes, une personne tuée est une personne de trop donc je ferais tout pour que cette condamnation soit un exemple non seulement pour les ivoiriens mais pour l’Afrique et le monde entier que nous nous respectons la vie humaine, la vie humaine est sacrée et nous allons procéder à ses investigations et nous souhaitons que cela soit fait le plus rapidement possible par les tribunaux ici et par le tribunal pénal international »


« Les questions de justice il faut les laisser se dérouler, le ministre de la justice est entrain de travailler sur cette question, il y aura des chefs d’accusation bien sur au plan national et également des chefs d’accusation sans doute au plan international, il devra faire le tri pour dire qu’est ce qui devra être traité au plan national et qu’est ce qui devra être traité au plan international. Nous avons 107 personnes dans cet hôtel qui ont été amenées ici après l’arrestation de Laurent Gbagbo, nous avons bien sûr lui-même et son épouse, des membres de la famille, nous avons des politiques, nous avons des employés et nous avons des militaires. Bien entendu dans un premier temps, le ministre de la justice est entrain de faire un tri, il est clair que tous les mineurs doivent être relâchés le plus tôt possible mais à condition qu’ils puissent être recueillis par des familles et en ce qui concerne le personnel du palais ou de la résidence, qui travaillaient là bas depuis d’ailleurs des années, ils seront entendus et libérés immédiatement, ils resteront les politiques, Mr Laurent Gbagbo, son épouse et ses proches. La justice fera son travail et j’ai demandé que cela soit fait avec impartialité avec sérénité et si j’ai décidé que la plupart d’entres eux restent à l’hôtel du golf c’est pour leur protection. J’ai rencontré Mr Choi ce matin, je lui ai dit que je demandais que l’hôtel du golf donne à toutes ses personnes la même protection que nous nous avons eu pendant ces quatre mois et demi. Donc ils doivent être bien traités mais ils doivent passer devant la justice mais cela est l’affaire des tribunaux. »

« Tous ceux qui devront être poursuivit seront poursuivit et la justice sera égale pour tous »

« Les uns et les autres nous avaient prédis l’apocalypse et j’ai toujours dit que je connais bien mes compatriotes, les ivoiriens sont des personnes de paix et j’ai jamais eu de doute que la grande majorité ne s’adonnerait pas à la violence et c’est ce qui s’est passé, toutes ces perturbations sont des faits de miliciens et mercenaires. Vous avez vu que l’armée régulière n’a pas voulu prendre part dans les combats, ceci veut tout dire, que la priorité soit de débarrasser Abidjan et les reste du pays des miliciens et mercenaires, je leur demande de déposer les armes de manière immédiate et leur donnerait un délai imprescriptible pour le faire. Une fois que nous serons débarrassés des mercenaires et miliciens vous verrez que la tranquillité qui a toujours marqué ce beau pays, reviendra. Bien entendu, il y a encore des caches d’armes mais tout se fera en liaison avec les forces amies, les forces impartiales. J’ai demandé qu’un accent particulier soit mis sur la détection des armes, à Abidjan, dans les villages à l’intérieur, partout en Côte d’Ivoire et que ces armes soient ramassées et brulées. Une fois que nous aurons réussi cette opération, pour laquelle je me donne un à deux mois, vous verrez que la pacification sera totale ».

« Je ne veux pas revenir sur le passé, je ne veux pas réveiller les rancœurs… Nous devons demander et je le demande à nouveau, qu’il n’y ai pas de représailles, il ne faudrait pas que nous du Rhdp nous nous engagions dans la voie qui a été utilisée par les autres et qui aurait pu mener à plus grande catastrophe dans notre pays. A partir de là, il ne faut pas de violence, nous devons tout faire pour protéger tous les ivoiriens de la même manière que nous soyons Rhdp, Lmp ou autre, que nous soyons du sud, du nord, de l’ouest, du centre, mon engagement c’est cela, je ferais tout pour que tout ivoirien puisse vivre partout en paix et soit protégé, nous allons créer une nouvelle armée, comme je l’ai indiqué à la mise en place des forces républicaines et que cette armée serait une armée républicaine, la police et la gendarmerie recevront également de nouveaux messages de protection des populations et non pas de chasse à l’homme. Nous allons faire en sorte que les uns et les autres soient responsables de leurs unités, de leurs corps, nous allons être très sévères dans le jugement de ceux qui ont la responsabilité de faire appliquer la loi, dans l’armée comme dans l’administration. »


« J’ai demande qu’Abidjan soit approvisionnée en billets ivoiriens par avion cargo, des la semaine prochaine, il y aura des provisions de billets à la bceao pour que les banques puissent réalimenter et j’espère que d’ici la fin de la semaine prochaine nous pourront voir le fonctionnement des banques commerciales après celle de la banque centrale »